Opioïdes : faire confiance au jugement du pharmacien

Santé Canada annonçait la semaine dernière une nouvelle obligation pour les professionnels de la santé : apposer un autocollant de mise en garde sur les opioïdes remis aux patients. En plus d’un autocollant, les patients devront également recevoir un feuillet explicatif. Ainsi, dorénavant, la personne qui consomme des opioïdes pour apaiser ses douleurs chroniques recevra un tel feuillet à chaque service, soit le plus souvent tous les mois, mais pour d’autres patients, ce sera toutes les semaines!  Sans égard à la durée de traitement, on lui rappellera systématiquement que les médicaments qu’elle prend sur une base quotidienne ont le potentiel de créer une dépendance, de la toxicomanie ou une surdose.

Si l’obligation visait uniquement les nouvelles ordonnances, nous aurions pu le comprendre. Mais une mesure mur à mur devant être mise en place de façon systématique pour tous les patients, à chacun des services? Pour l’Ordre, c’est une mauvaise idée.

Pour justifier cette nouvelle mesure, la porte-parole de Santé Canada a mentionné vouloir créer des occasions d’« ouvrir le dialogue » entre les professionnels de la santé et les patients. L’objectif est louable. Les patients qui prennent de tels médicaments doivent être au fait des risques, cela va de soi. Mais doit-on pour autant les stigmatiser?

L’Ordre rappelle régulièrement à ses membres l’importance de réaliser un suivi approprié de la thérapie des patients, notamment ceux aux prises avec des problèmes de douleur. Un dossier sera d’ailleurs publié à ce sujet dans le numéro de juin de notre magazine L’interaction.

Lorsqu’une personne a de la difficulté à marcher 20 minutes d’affilée, à faire l’épicerie ou à dormir paisiblement, un ajustement des doses de ses médicaments peut souvent avoir un effet bénéfique sur sa qualité de vie. Et pour celui qui fait malheureusement une mauvaise utilisation des opioïdes, le pharmacien est le partenaire tout désigné pour mettre en place des plans de sevrage.

Si Santé Canada veut avoir un réel impact auprès de ces patients, elle doit faire confiance au jugement des pharmaciens. En leur donnant la capacité de modifier les doses d’opioïdes, le gouvernement canadien contribuerait ainsi à améliorer leur qualité de vie, à réduire les dépendances et les surdoses.

Les pharmaciens peuvent faire davantage, il faut simplement leur en donner la possibilité.

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