Pour un médicament au plus bas prix tout en assurant la sécurité de son approvisionnement
Le 9 mars dernier, Manon Lambert, directrice générale et secrétaire de l’Ordre, Martin Franco, pharmacien, chef adjoint du département de pharmacie du CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal et membre du comité exécutif de l’Ordre, et moi-même étions présents en commission parlementaire pour présenter le mémoire de l’Ordre sur le projet de loi 81. Il s’agit d’un projet de loi qui vise à réduire le coût de certains médicaments couverts par le régime général d’assurance médicaments en permettant le recours à une procédure d’appel d’offres auprès des fabricants et des grossistes.
L’Ordre a pleinement endossé la volonté du ministre de la Santé et des Services sociaux de mettre en place des mécanismes qui permettront aux Québécois d’avoir accès aux médicaments au plus bas prix. Toutefois, l’Ordre a mis en garde contre les potentiels effets négatifs de telles mesures, comme d’éventuelles pénuries de médicaments. Également, des règles trop rigides pourraient venir limiter la capacité de gérer les cas d’exception, par exemple pour des patients ayant des allergies ou des intolérances à certains médicaments, ou encore pour des patients atteints de troubles mentaux. Il est important, pour nous, de ne pas limiter l’accès à un médicament pour un patient et d’éviter toute interruption de traitement.
Plusieurs recommandations
Dans le cadre de la commission parlementaire, et dans un contexte d’appel d’offres auprès des fabricants et des grossistes, l’Ordre a fait plusieurs recommandations, notamment :
- Exclure certaines classes de médicaments et prévoir des alternatives pour des cas spécifiques
- Maintenir la sécurité des approvisionnements
- Établir des conditions préalables pour les fabricants appelés à soumissionner
- Confier la gestion des appels d’offres à un groupe d’experts
- Prévoir une période de transition pour limiter le gaspillage de médicaments en pharmacie
- Faire plus en matière d’usage approprié des médicaments
De plus, comme l’a mentionné l’Ordre à maintes reprises : à l’heure où plusieurs réformes viennent modifier les processus entourant l’approvisionnement des médicaments et l’offre de services pharmaceutiques, le temps est venu d’amorcer un débat plus large portant sur la pérennité du régime public d’assurance médicaments par la révision de la Politique du médicament. Si le gouvernement actuel et les précédents avaient réellement mis en application cette politique et l’avaient fait évoluer avec le temps, le ministre ne ferait probablement pas face aux mêmes problèmes et aux mêmes foyers de résistance aujourd’hui.
Bien que l’objectif de réduction des prix des médicaments soit un incontournable, l’utilisation du processus d’appel d’offres présente de nombreux risques quant à la sécurité d’approvisionnement, à la qualité des produits et aux transferts de coût entre ceux-ci, ce qui peut désavantager de façon importante certains patients. Le contenu des règlements sera fondamental pour atténuer ces risques. L’Ordre suivra donc le dossier de près et espère que le ministre de la Santé et des Services sociaux tiendra compte de ces recommandations.
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Publié dans Enjeux sociaux, Lois et règlements, Médicaments, Protection du public
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2 commentaires
je suis completement en accord du memoire OPQ
merci, irving novack, pharmacien
Bonjour très bon mémoire.
Je pense qu’effectivement l’OPQ/Collège des médecins/INESSS devrait mettre en place un groupe sur l’usage approprié/optimal des médicaments en s’inspirant de ce qui est fait ailleurs dans le monde (NICE en Angleterre pour ne pas les nommer)
Ceci permettrait peut-être de freiner le passage à la « nouvelle molécule qui est presque meilleure que celle que l’on a déjà, mais qui coûte le double du prix et qui n’a pas encore de générique » qui a été présenté au médecin par la dernière représentante pharmaceutique à être passée dans son bureau.