Et si la population avait raison?

Il y a quelques jours, à l’occasion du Mois de la sensibilisation au travail du pharmacien, l’Association des pharmaciens du Canada publiait les résultats d’un sondage sur la perception des Canadiens à l’égard des pharmaciens.

Les pharmaciens ressortent généralement positivement de ces enquêtes. Année après année, ils se classent parmi les professionnels qui inspirent le plus confiance, souvent à égalité avec les infirmières. Ce sondage ne fait pas exception; selon les résultats, 97 % des Québécois ont une opinion positive ou très positive des pharmaciens. De quoi faire des jaloux!

Mais les résultats les plus intéressants, de mon point de vue, sont ceux portant sur le rôle du pharmacien. On voit que la population est bien consciente de la valeur ajoutée de ces professionnels et de l’importance de les utiliser à leur plein potentiel.

Par exemple, 86 % des Québécois croient que, si les pharmaciens étaient davantage inclus dans les équipes de soins, la qualité de vie des patients serait améliorée. Certains diront que c’est une évidence. J’aurais tendance à leur répondre : pourquoi, dans ce cas, ne les inclut-on pas davantage?

Autre donnée intéressante : 88 % des Québécois considèrent les pharmaciens comme membre de leur équipe personnelle de soins. Je pense que cette statistique aura de quoi réjouir mes collègues qui se sont parfois questionnés ces derniers mois.

Et pour terminer : 85 % des Québécois sont d’avis que les coûts du système de santé diminueraient si les pharmaciens travaillaient plus étroitement avec les médecins. Lorsqu’il est question de choisir les traitements les plus optimaux, je pense que le duo médecin-pharmacien sera toujours gagnant. Et il y aurait moyen d’en faire encore plus, par exemple en encourageant les pharmaciens à évaluer les dossiers des patients polymédicamentés et à suggérer la dé-prescription de certains médicaments, comme on le voit fréquemment dans les groupes de médecine de famille.

Au Canada, il y a le Québec et ce qu’on appelle souvent le ROC (le « rest of Canada »). En pharmacie, je n’irais pas jusqu’à dire que le Québec fait exception, mais il demeure que les pharmaciens du Québec ressortent tout de même très positivement dans cette enquête.

Tout n’est pas parfait en pharmacie, c’est évident. Les vieux modèles doivent être revus; l’Ordre l’a répété sur plusieurs tribunes ces dernières semaines. Mais ces chiffres nous permettent de réaliser qu’au-delà des idées reçues, la population est bien consciente de la qualité des soins et services offerts et des avantages d’inclure davantage les pharmaciens au sein des équipes de soins.

Et si elle avait raison?

Pour consulter les résultats sondage (disponible en anglais uniquement)

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2 commentaires

  1. Il est devenu évident que l’amélioration de notre offre aux patients passe par un élément de décloisonnement des disciplines de la santé (les « silos ») et d’amélioration de notre capacité de travailler au sein d’équipes multidisciplinaires, plus efficaces, plus redevables aux patients en terme d’accès et de suivi.

    Il faudra s’assurer de la compétence de chacun dans le champ d’action choisi et que permettra ce décloisonnement. Il faudra s’attendre à ce qu’il y ait, dans une certaine mesure et selon des modalités à définir, réciprocité dans l’accès ainsi fourni. Si les pharmaciens peuvent accomplir certaines tâches médicales, ne serait-il pas alors justifié, en toute équité, pour certains médecins de dispenser certains médicaments dans certaines circonstances? L’équité dans la rémunération professionnelle constituera aussi un enjeu important si l’on souhaite que se réalise cette évolution de notre offre en santé.

    Ce type de transition représente un effort majeur. Parlez-en au Ministre Barrette! Il appelle un leadership éclairé et une force morale à la mesure de l’enjeu pour nos patients.