Les techniciens en pharmacie sont arrivés récemment sur le marché du travail. Ils sont de précieux alliés, réalisant des tâches complémentaires à celles de leurs collègues assistants techniques et pharmaciens. Mais qu’en est-il des conseils donnés aux patients? Pouvez-vous comme pharmacien(ne) leur déléguer cette tâche? Penchons-nous sur la question.
Quelques rappels sur la délégation
Lorsque vous désirez déléguer une tâche à du personnel technique, la première étape consiste à déterminer si cette tâche est de nature technique ou si, lors de son exécution, elle nécessite l’exercice de votre jugement professionnel.
Si vous déterminez que la tâche est de nature technique, la délégation est possible. Il suffit, ensuite, de respecter les 5 étapes identifiées dans le guide d’exercice sur la délégation en pharmacie pour assurer la surveillance adéquate de cette tâche :
- Mettre en place une procédure écrite.
- S’assurer que le personnel possède la formation, les compétences et l’expérience appropriées.
- Mettre en place des mesures de contrôle.
- Être disponible pour intervenir dans un court délai.
- S’assurer de la traçabilité de la tâche.
Déterminons si « donner un conseil » est une tâche de nature technique
Tout d’abord, il y a une différence entre donner un conseil au patient et lui donner de l’information.
Prodiguer un conseil ou un avis implique une suggestion, souvent basée sur une expertise, une expérience, des opinions ou des recommandations personnelles. Ce conseil est orienté vers l’action, et il a pour but d’influencer ou de guider quelqu’un dans une prise de décision ou dans la gestion d’une situation.
Donner une information consiste à partager des faits ou des données sans intention particulière de guider ou d’influencer une décision. L’objectif est de fournir des éléments factuels sans émettre d’opinion ou de suggestion.
- Exemple simplifié :
- Conseil : Pour faire bouillir de l’eau plus rapidement, utilisez une bouilloire plutôt qu’une casserole.
- Information : L’eau bout à 100 °C à pression atmosphérique.
- Exemple en pharmacie :
- Conseil : Je vous suggère de prendre ce médicament en vente libre pour atténuer vos symptômes d’allergie.
- Information :
- Lire l’information sur l’étiquette d’une boite d’acétaminophène.
- Enseigner au patient comment utiliser un glucomètre ou un tensiomètre.
On peut donc conclure que le personnel technique peut donner de l’information aux patients. Toutefois, il ne peut pas donner un conseil pharmaceutique puisque cette tâche n’est pas de nature technique et nécessite le jugement professionnel d’un pharmacien.
QUELQUES DIFFÉRENCES ENTRE UN CONSEIL ET UNE INFORMATION1
Les conseils
- Ils sont adaptés à la situation particulière de la personne.
- Ils prennent en compte les circonstances particulières d’une personne. Un conseil peut donc être différent, même si le problème est le même.
- Ils interprètent les données de la science, la loi et appliquent les règles et principes à une situation donnée.
- Ils offrent des recommandations sur les options offertes à la personne selon sa situation.
Les informations générales
- Elles ne sont pas adaptées à une situation particulière d’une personne.
- Elles peuvent aider une personne à comprendre qu’elle a un problème.
- Elles peuvent aider à définir un terme et comprendre un processus.
- Elles peuvent aider à trouver les ressources supplémentaires pour obtenir des conseils.
1 Adapté du Portail juridique, section « Conseils et info », https://portailjuridique.ca/conseils-et-info (consulté le 26 mars 2025) |
En conclusion
Par sa formation, un membre du personnel technique peut transmettre de l’information au patient, mais surtout recueillir les renseignements nécessaires au travail du pharmacien. À partir de ces informations, le pharmacien pourra plus facilement effectuer son analyse et donner son conseil.
Le personnel technique ne peut toutefois pas sélectionner dans une liste prédéfinie, tel un feuillet d’information, des renseignements à transmettre par rapport à d’autres, puisque ceci se fait à la suite d’une évaluation et est réservé au pharmacien. De plus, il ne peut pas proposer un produit à la suite de sa collecte d’informations puisque l’amorce d’une thérapie est une activité réservée au pharmacien.