Stages en pharmacie : il faut régler l’impasse

Au cours des derniers mois, la recherche de milieux de stage pour les étudiants en pharmacie est devenue ardue. Déjà en décembre, les deux facultés de pharmacie sonnaient l’alarme et disaient craindre un report de la diplomation, crainte partagée par les associations étudiantes. La situation a trouvé écho dans plusieurs médias.

L’Ordre encourage depuis toujours les pharmaciens à partager leurs connaissances avec la relève et à les accueillir au sein de leurs milieux de pratique. En cette période de turbulences, où nous sommes particulièrement préoccupés par l’ampleur qu’a pris la situation, nous continuons de le faire; l’engagement des professionnels est essentiel au développement de la relève.

Les stages font partie intégrante du cursus universitaire des étudiants en pharmacie. Ils leur permettent de se familiariser avec les milieux de travail et de mettre en application les connaissances acquises. À l’inverse, ils permettent également d’évaluer si l’étudiant s’intègre bien et s’il a la capacité de mettre en pratique les apprentissages théoriques. En un mot, ils sont essentiels pour garantir au public qu’ils seront face à des professionnels compétents.

Si le recrutement de milieux de stage est particulièrement difficile depuis quelques mois, il faut admettre qu’il n’a jamais été aisé, même par le passé. Pourquoi? Pour un ensemble de raisons : le manque de temps ou de ressources, la difficulté à organiser les milieux pour prévoir leur accueil, etc.

Nous comprenons que les universités et les étudiants ne veulent pas emprunter la voie déontologique pour régler la situation actuelle, puisque ce choix risquerait de mettre en péril leurs relations avec leurs partenaires, mais considérant l’importance des stages dans le développement de la relève, il est urgent de trouver des solutions. Différents acteurs doivent contribuer à cette réflexion : les facultés de pharmacie, les associations professionnelles, les ministères concernés, notamment. L’Ordre les invitera à participer à une rencontre afin de solutionner ce problème.

Bien qu’elle soit la responsabilité première des universités, la qualité de la formation de la relève est une préoccupation importante pour l’Ordre. La crise actuelle des stages en pharmacie doit être résolue, mais mieux encore, des solutions pérennes doivent être mises en œuvre.

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9 commentaires

  1. Connaissez-vous beaucoup de programme où vous devez payer une formation pour prendre en charge bénévolement pendant des dizaines d’heures des étudiants en apprentissage?

    J’entends bien les effets de la crise actuelle, mais ce n’est pas sorcier: Le pharmacien communautaire doit répondre aux (nombreuses) normes de son ordre professionnel, aux règlements provinciaux et fédéraux, aux lois provinciales et fédérales et aux non moindres attentes de sa clientèle…

    Moi aussi j’ai fait le choix ODIEUX de passer ma mise à jour de CA et les toutes les heures de supervision bénévoles au travail ou en congé pour le bien-être de ma clientèle, de mon entreprise et de ma famille.

    Maintenant, si en effet les attaques déontologiques sont envisagées envers vos pharmaciens pour régler la situation, j’crois très honnêtement que ceux-ci n’auront pas des problèmes qu’avec les Universités…

    GEG

    1. Sans blague…la supervision de stagiaire comme obligation déontologique…

      L’OPQ est en charge de la protection du public, pas de la protection des pharmaciens, des facultés ou du gouvernement.

      Et jusqu’à maintenant, comme on m’a répondu en tournée, je ne pense pas qu’il y ait de données qui supporte qui a péril en la demeure pour la sécurité publique si on saute une cohorte.

  2. Chers collègues,
    Il faut surtout lire ce qui est important : « il est urgent de trouver des solutions. Différents acteurs doivent contribuer à cette réflexion : les facultés de pharmacie, les associations professionnelles, les ministères concernés, notamment. L’Ordre les invitera à participer à une rencontre afin de solutionner ce problème.

    Bien qu’elle soit la responsabilité première des universités, la qualité de la formation de la relève est une préoccupation importante pour l’Ordre. La crise actuelle des stages en pharmacie doit être résolue, mais mieux encore, des solutions pérennes doivent être mises en œuvre. »
    Je pense que nous sommes tous d’accord avec ça et nous (l’APPSQ) participerons avec plaisir de façon constructive. Une crise, ça peut avoir du bon, mais surtout quand ça s’arrête… Celle ci n’a que trop durée.

  3. Merci M. le Président de partager que les étudiants et les universités reconnaissent l’incertitude causée par les projets de loi 28 (coupures), 81 (appels d’offres) et 92 (facture détaillée) en tant que facteur clé dans la réduction du nombre de milieux de stages. Dans le contexte actuel, plusieurs pharmaciens n’ont plus la possibilité d’agir comme clinicien associé et ce n’est pas en tentant d’utiliser maladroitement la déontologie* que quiconque contribuera à la protection du public.

    Il y a actuellement un enjeu de manque de ressource en pharmacie. Il en résulte que seul le niveau minimum des standards de pratique soit atteignable et un gaspillage d’expertise ayant un rôle clé dans l’accès à de meilleurs résultats de santé pour les québécois.

    Le gouvernement finira par réaliser que le poste budgétaire des pharmaciens n’est pas une dépense mais un investissement. Un investissement dans la santé de la population ainsi qu’un investissement dans des emplois essentiels à notre économie. Il ne suffit pas de s’assurer que les étudiants au Pharm D ou au QEP obtiennent leur diplôme pour intégrer toutes les communautés culturelles à la société québécoise. Il faut créer un climat qui leur permettra de trouver un emploi visant l’usage optimal des médicaments.

    Aidez-nous à obtenir une réponse à notre cri du cœur**.

    * Code de déontologie Article 13. Le pharmacien doit, dans la mesure de ses possibilités, aider au développement de la pharmacie par le partage de ses connaissances et de son expérience, notamment avec les autres pharmaciens, les étudiants et les stagiaires en pharmacie, ainsi que par sa participation à des activités et cours de formation continue ainsi qu’à des stages.

    ** http://web1.ledevoir.com/societe/sante/484804/un-chantier-sur-la-pharmacie-reclame

  4. La Faculté de pharmacie de l’Université de Montréal salue cette initiative. Nous avons accepté avec enthousiasme de participer à une rencontre réunissant les différents acteurs afin de discuter de solutions concrètes.

    Tel que précisé dans le communiqué, nous ne voulons pas et n’avons jamais voulu « emprunter la voie déontologique pour régler la situation actuelle ». Dans ce dossier, notre Faculté doit être considérée comme un allié.

    Nous comprenons les enjeux reliés à la pharmacie communautaire et désirons ardemment contribuer à toute démarche qui permettra non seulement de solutionner le problème des stages en pharmacie communautaire mais également de faire évoluer notre profession et de permettre aux pharmaciens d’accomplir leur véritable travail d’intervenant de première ligne. Nos étudiants pourront ainsi trouver un emploi à la hauteur de leur compétence, et ce pour le bénéfice de tous.

    Nous sommes également à l’écoute de nos cliniciens associés (CA). Plusieurs initiatives sont mises de l’avant afin de faciliter leur travail. Pour le renouvellement du titre de CA, une formation en ligne gratuite est demandée. Dorénavant, un seul cours (en ligne et sans aucun frais) sera en général requis pour devenir CA. Nous travaillons également à simplifier les fiches d’évaluation.

    Nous sommes convaincus que le travail des CA devrait être reconnu à sa juste valeur par le biais d’une rémunération appropriée. Nous avons fait des représentations ont été faites en ce sens auprès du ministre de la santé et de la ministre de l’éducation supérieure. Nous avons également fait part à l’OPQ de notre souhait de voir l’encadrement des étudiants en stage être reconnu comme une activité de formation continue. Depuis l’année dernière, le colloque du FRAPP (Forum pour l’avancement des pratiques en pharmacie) est offert gracieusement à nos CA.

    Nous accueillons très favorablement l’idée d’un forum sur la pharmacie. Nous pourrions non seulement y participer activement mais également accueillir l’événement au sein de notre Université.

    En terminant, nous vous invitons à visionner une conférence de presse à laquelle participaient nos associations étudiantes:

    http://www.assnat.qc.ca/fr/video-audio/archives-parlementaires/activites-presse/AudioVideo-71277.html

    1. Mme.Lalonde,
      si la faculté veut être un allié de la pharmacie communautaire Québécoise je proposerai qu’une étude soit faite par l’université dans le cadre d’un stage ou d’un cours de gestion d’officine:
      Faite faire un échantillon de quel serait la situation financière d’une dizaine ou vingtaine de pharmacies au hasard si les allocations professionnels disparaissaient et si les assureurs privés payaient les même honoraires que la RAMQ.

      J’ai une très bonne idée du résultat de cette étude: la très grande majorité des pharmacies deviendraient non-rentable et fermeraient….mais pourquoi pas le confirmer par une étude universitaire indépendante?

      Je me porte volontaire si un étudiant veut avoir accès à mes chiffres pour cette étude. Peut-être que ce genre d’étude aurait un certain impact vis à vis nos élus et notre ordre pour sonner un signal d’alarme et faire réaliser que bien qu’il soit fort louable de faire le ménage dans les pratiques commerciales de l’industrie du médicaments…mais que faire le ménage veut dire remettre les ressources financières à la bonne place et pas simplement les enlever.

  5. Depuis plus de 25 ans, nous avions toujours eu deux à trois étudiants en pharmacie qui travaillaient à temps partiel tout au long de l’année. C’était une forme d’échange de bons services. Les étudiants travaillaient tous les samedis et un soir par semaine. Ceci me permettait d’offrir des horaires intéressants à mes techniciennes à temps plein. Durant l’été, ils remplaçaient durant les deux mois de vacances de mes techniciennes. Ils gagnaient une paye tout en apprenant. Nous partagions nos connaissances avec eux, ils faisaient leur stage rémunéré au cours de l’année, tout le monde était gagnant. Depuis que les étudiants doivent faire une multitude de stages parfois dans des régions éloignées même durant l’été, qu’ils ne peuvent pas nous garantir qu’ils seront disponibles pour faire les remplacements de vacances d’été, je ne suis plus motivé à engager des étudiants en pharmacie. Déjà que nous travaillons bénévolement dans bien des champs de notre pratique, je dois maintenant considérer toutes les heures que nos pharmaciens doivent investir dans leurs stages. Financièrement, je suis perdant. Il me reste deux étudiantes en pharmacie qui termineront dans quelques semaines. J’ai engagé une étudiante en droit qui est disponible tout l’été. C’est dommage mais il faut que je pense à mon entreprise et à mes employés. Il y a des limites à faire du bénévolat, en fait c’est travailler à perte pour satisfaire les Universités et l’Ordre alors que nous n’avons aucun mot à dire sur leurs programmes de formation, leurs stages. J’espère qu’ils vont corriger la situation. Je vais m’ennuyer de mes étudiants en pharmacie. Je n’ai que de bons souvenirs de ces étudiants, des gens brillants, intéressés et travaillants.

  6. Je ne veux pas me faire prophète de malheur, mais le problème d’accès aux stage n’est que la pointe de l’Iceberg selon moi. Il y a un risque très grand selon de désintéressement à la pratique (si celle-ci est pratiqué dans un cadre de manque de ressource), d’une moins grande attraction de candidats de qualité aussi et la disparition progressives de pratiques innovantes par manque de ressources financières….et la résultante de tout ça: une moins grande qualité de pratiques pharmaceutiques en pharmacie communautaires et une frustration encore plus grande des nouveaux diplômés qui ne pourront utiliser leurs connaissances à leur plein potentiel. Malgré la crise actuelle je considère que beaucoup de pharmaciens communautaires tiennent le fort mais ils ne pourront plus tenir très longtemps surtout quand les prochains coups vont arriver.

    Lors de la tournée de l’OPQ, j’ai senti une grande fierté de la part de notre ordre concernant plusieurs amendements à la loi 92 concernant les grossistes, les chaînes et bannières et les génériques. On ne peut pas blâmer les intentions de notre ordre, mais je suis néanmoins convaincus qu’ils ont malheureusement mal évalué leurs impacts sur les pharmaciens communautaires à moyens terme et n’ont proposé aucun mesure compensatoire. Le modèle d’affaire des chaînes et bannières sera très fortement frappé par ces changements….et pour répondre à leurs actionnaires les chaînes et bannières devront soit couper leur soutient, soit augmenter leurs frais aux pharmaciens…et ces changements feront probablement encore plus mal aux pharmaciens communautaires que les ponctions actuelles.

    L’objectif de changer le cadre légal pour faire le ménage dans les pratiques commerciales est fait….la prochaine étape maintenant est que notre ordre réalise et milite avec nous pour la nécessité de revoir nos honoraires. Je ne dis pas de négocier, car ce n’est pas son rôle, mais simplement de nous soutenir publiquement pour dire que pour offrir des soins pharmaceutiques digne de ce nom, une rémunérations adéquate par la RAMQ est nécessaire et que ce n’est pas le cas actuellement et que le service à la population va en souffrir.

    Je connais peu de pharmacies qui pourraient garder leurs portes ouvertes si on enlèves les allocations professionnelles et que les assureurs privés s’alignent sur les prix de la RAMQ…et ça c’est vraiment un signe d’un déséquilibre qui ne peut pas perdurer.