Pourquoi certains médicaments sans ordonnance se retrouvent-ils derrière le comptoir de la pharmacie?

Est-ce que vous vous êtes déjà demandé(e) pourquoi un médicament qui n’est pas prescrit se retrouve derrière le comptoir de la pharmacie plutôt que sur les tablettes? Et pourquoi, une fois au comptoir, on vous pose plusieurs questions liées à la prise de ce médicament? Je vais tenter de vous éclairer sur le sujet.

Tout d’abord, rappelons que les médicaments disponibles en pharmacie peuvent être sous ordonnance, en vente libre sur les tablettes ou en vente libre, mais sous le contrôle du pharmacien (derrière le comptoir). Dans notre jargon, nous appelons ces derniers des médicaments d’annexe II.

Comme les médicaments ne sont pas des biens de consommation comme les autres, leur vente est encadrée. Plusieurs raisons expliquent donc que nous gardions certains médicaments derrière le comptoir. En voici quelques-unes.

  • Certaines situations d’apparence banale peuvent cacher des problèmes de santé plus importants. À titre d’exemple, la nausée. C’est pourquoi une évaluation par le ou la pharmacien(ne) est utile.
  • Une utilisation prolongée de certains médicaments peut masquer des symptômes liés à des problèmes de santé plus graves.
  • Certains médicaments ne sont que récemment disponibles sans ordonnance; il est donc préférable d’en monitorer l’utilisation.
  • Le médicament est administré par injection et nécessite des conseils d’utilisation.
  • Le médicament est légalement disponible sans ordonnance, mais n’est servi que sous le jugement du pharmacien (ex. : nitroglycérine).
  • Le médicament a un potentiel d’interactions avec des médicaments d’ordonnance ou d’autres médicaments en vente libre.
  • Certains médicaments ont un potentiel d’abus ou sont utilisés pour fabriquer des drogues illicites, une surveillance est donc de mise.

Ce ne sont que quelques exemples de situations qui justifient de procéder à une vigie concernant la prise de médicament d’annexe II.

La prochaine fois qu’on vous pose des questions au comptoir, pensez-y! L’objectif est de recueillir l’information pertinente pour bien analyser la situation et mieux répondre à vos besoins. De plus, les renseignements obtenus seront ajoutés à votre dossier patient, facilitant ainsi les suivis futurs et le bon usage de vos médicaments.

Si vous avez des questions sur les médicaments en vente libre, qu’ils soient devant ou derrière le comptoir, n’hésitez surtout pas à en parler à votre pharmacien(ne)!

Jean-François Desgagné, président de l’Ordre

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3 commentaires

  1. Merci pour ces précisions monsieur le Président. C’est clair et logique. Pardonnez moi cependant de soulever un petit détail qui n’enlève rien à vos excellentes explications: Considérant l’approche vigie, la question de l’ibuprofène 400 mg (extra-fort) reste entière dans le contexte où c’est presque toujours la dose efficace et que le 200 mg est en libre accès et consommé deux doses à la fois.

    Je comprends que c’est l’Office des professions qui a décidé qu’il faille solliciter un pharmacien pour l’achat d’ibuprofène 400 mg et non l’OPQ. Pensez-vous que l’Office va simplifier la gestion des annexes en vous donnant le droit ultime de décider des annexes dans sa modernisation du Code des professions? L’OPQ est vraiment bien placé pour effectuer la gestion de risques préalable au choix des annexes pour ce produit et potentiellement quelques autres.

    Le Plan Santé fait de la place aux autosoins et l’utilisation optimale des professionnels de la santé en considérant leur satisfaction au travail est un autre thème cher au MSSS. Il serait logique et cohérent que la réforme règlementaire en cours rende cette gestion plus agile