Qu'est-ce qu'un médicament dit à risque?
Le terme «médicament à risque» englobe les médicaments à risque d’erreurs et pouvant causer un préjudice au patient ou au préparateur. On y retrouve:
- les médicaments dangereux;
- les médicaments de niveau d’alerte élevé;
- les médicaments à haut risque d’erreurs;
- les médicaments à index thérapeutique étroit.
Des médicaments peuvent appartenir simultanément à différentes classifications de médicaments à risque. Néanmoins, des mesures de prévention communes s’appliquent pour réduire les risques d’erreurs et de préjudices pour les patients.
Nous aborderons ici les médicaments à haut risque d’erreurs et de niveau d’alerte élevé. Pour plus d’information sur l’ensemble des médicaments à risque, consultez la section «Gestion des médicaments/Médicaments à risque» du Guide d’application des standards de pratique (guide.standards.opq.org).
MÉDICAMENTS À HAUT RISQUE D’ERREURS
Les médicaments à haut risque d’erreurs sont ceux qui, statistiquement, ont un potentiel plus élevé d’erreur. On y retrouve notamment les molécules avec plusieurs teneurs disponibles et les médicaments dont les noms sont similaires ou qui se ressemblent physiquement.
Exemples de produits : Lévothyroxine, Lamivudine vs Lamotrigine, Témazépam vs PrevacidMD, DexilantMD vs CymbaltaMD
Stratégies proposées (inspirées de l’ISMP) :
- Utiliser à la fois la marque et les noms génériques sur les ordonnances et les étiquettes;
- Inclure l’indication du médicament sur les ordonnances et les étiquettes;
- Configurer les listes de sélection de votre logiciel pour empêcher que des noms semblables apparaissent consécutivement ;
- Changer la présentation du nom des produits similaires pour attirer l’attention sur leurs différences (ex. : utiliser des couleurs, surligner ou souligner certaines lettres, utiliser la rédaction selon le TALLman Lettering1).
- Mettre en place une double vérification indépendante pour certains produits identifiés.
MÉDICAMENTS DE NIVEAU D’ALERTE ÉLEVÉ
Les médicaments de niveau d’alerte élevé correspondent aux médicaments qui comportent un plus grand risque de causer un préjudice aux usagers s’ils sont utilisés par erreur.
Les erreurs ne sont pas nécessairement plus fréquentes avec ces médicaments. Par contre, les conséquences d’une erreur ont le potentiel d’entraîner des conséquences plus graves pour les patients.
Exemples de produits : Warfarine, Méthotrexate, Amiodarone, Tacrolimus
Stratégies proposées (inspirées de l’ISMP) :
- Améliorer l’accès à l’information sur ces médicaments;
- Utiliser des étiquettes auxiliaires et des alertes automatisées;
- Utiliser la double vérification indépendante ;
- Standardiser le processus de la commande, du stockage, de la préparation, de la distribution et de l’administration de ces produits;
- Standardiser l’ordonnance en utilisant, par exemple, des formulaires pré-imprimés.
Propre aux pharmacies communautaires :
– Discuter obligatoirement avec le patient lorsqu’il prend ce type de médicament.Propre aux établissements de santé :
– Limiter l’accès aux médicaments d’alerte élevée (ex. : ne pas permettre l’accès au commun des médicaments à haute concentration).
QUAND UTILISER LA DOUBLE VÉRIFICATION INDÉPENDANTE?
La double vérification indépendante est utilisée lorsque le risque est suffisamment grand pour justifier une vérification en plus de celle prévue au processus habituel. Celle-ci peut se faire à plusieurs étapes du circuit du médicament, par exemple lors de l’évaluation de l’ordonnance par le pharmacien ou lors de la vérification contenant-contenu par le personnel technique.
Pour en savoir plus sur la double vérification indépendante, consultez la section «Organisation et sécurité des soins et des services pharmaceutiques/Sécurité du circuit du médicament» du Guide d’application des standards de pratique.
MESURES DE PRÉVENTION DES RISQUES
L’Institut pour la sécurité des médicaments aux patients (ISMP) propose des stratégies à mettre en place concernant les médicaments à risque. Par exemple :
- Établir la liste des médicaments nécessitant une attention particulière pour réduire le risque d’erreurs.
- Utiliser la liste publiée par l’ISMP et l’adapter à son milieu (https://www.ismp.org/recommendations).
On peut difficilement dissocier les médicaments du contexte dans lequel ils sont utilisés ou préparés. En ce sens, la gestion des risques doit également tenir compte de situations pouvant mener à des erreurs. À titre d’exemple :
- Achalandage élevé;
- Clientèle suivie pour des troubles liés à l’usage des opioïdes (TLUO);
- Clientèle suivie en résidence pour aînés (RPA);
- Etc.
Identifiez dans votre milieu les situations et les médicaments à risque et trouvez des méthodes de travail fiables pour sécuriser votre circuit.
Pour en savoir plus, consultez la section « Organisation et sécurité des soins et des services pharmaceutiques » du Guide d’application des standards de pratique.
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1 ISMP Canada, Look-Alike Drug Names with Recommended TALLman Letters, https://www.ismp.org/recommendations/tall-man-letters-list