Une année de trop

Si la Loi 41 était entrée en vigueur au moment où elle aurait dû l’être, le 3 septembre 2013, ça ferait aujourd’hui un an que les malades en bénéficieraient.

Ça ferait un an que la majorité des femmes enceintes n’auraient plus de raison d’aller à l’urgence ou dans des cliniques sans rendez-vous pour des nausées liées à la grossesse.

Ça ferait un an que certaines aberrations du système de santé comme des visites chez le médecin pour des poux de tête ou des appels téléphoniques pour des questions administratives n’auraient plus lieu d’être.

Ça ferait un an que les patients qui souffrent d’allergies saisonnières pourraient s’adresser à leur pharmacien pour obtenir de l’aide.

Ça ferait un an que de petits changements dans le système de santé feraient une grosse différence pour le malade aux prises avec un problème de santé chronique ou la maman qui tente de cesser de fumer.

Ça ferait un an que la population se dirait : oui, c’est possible.

Tous les jours, les patients attendent. Ils attendent que leur pharmacien appelle leur médecin pour prolonger l’ordonnance. Ils attendent à la clinique d’urgence parce que leur pharmacien n’a pas réussi à joindre leur médecin déjà en consultation avec de nombreux patients. Ils attendent parce qu’un médicament est en pénurie et que le pharmacien n’a pas l’autorisation de le remplacer par un autre.

L’attente a des coûts, notamment liés à la perte de productivité.

Quand je vois que les pharmaciens sont autorisés à poser ces gestes depuis des années déjà dans la quasi-totalité des autres provinces, ma frustration s’ajoute à celle des patients et de mes confrères professionnels qui mettent tellement d’énergie à donner les meilleurs soins possibles aux patients malgré les aberrations d’un système mal adapté aux besoins actuels des patients.

Le 3 septembre est le jour d’un triste anniversaire. L’anniversaire d’une année de trop.

Mots-clés : Loi 41

Laisser un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

12 commentaires

  1. Tout à fait en accord avec toi. Félicitation à l’OPQ pour avoir initié ce blogue. C’est un anniversaire triste pour tous les québécois.

  2. La patience est supposée être une vertu… Rien de bien vertueux ici, à mon avis. Que les efforts continuent, et bravo à ceux qui les font!

  3. C’est vrai que c’est déjà une année !
    Nous n’avons pas de nouvelles si l’AQPP et le ministère de la santé continuent de négocier ou non ?
    Pendant ce temps le Collège des médecins demandent à leurs membres de changer leurs pratiques : des prescriptions avec des renouvellements jusqu’à 2 ans, des antibiotiques pour infections urinaires avec des renouvellements etc.
    Les politiciens n’en parlent pas.
    La loi 41 semble être condamnée à tomber dans les oubliettes.

  4. Bien tout ça mais,

    quand est-ce que nous serons rénumérés en proportion des services de santé rendus à nos patients?

    Oubliez vous aussi tous les réarrangements physiques et logistiques que ces nouveaux services nécessitent.

    Encore des dépenses supplémentaires pour les pharmaciens pour se conformer à rendre des services plus accessibles.

    Ou nous retournerons en arrière comme les « missionnaires du système de santé du Québec » si nous acceptons trop peu pour le temps et les efforts investis pour nos patients.

    J’ai pu constaté avec regret , le manque d’affirmation des nos pharmaciens lors de la formation donnée par l’OPQ pour la loi 41 à Lévis.

    L’animateur soumettait une question, et, personne n’osait dire ni oui ni non de peur de……….se faire juger ou ridiculiser!

    Très représentatif de la société québecoise, c’est très «tendance» n’est-ce-pas!

  5. Compte tenu du discours politique général, je ne suis pas optimiste du tout quand au paiement des actes de la loi 41. Le gouvernement veut étaler les hausses salariales de médecins, alors donner de nouveaux revenus aux pharmaciens…

    Par contre, je suis optimiste à l’idée que l’on puisse rapidement appliquer la loi 41. Il va par contre falloir que les pharmaciens mettent leurs culottes et facturent aux patients. Triste réalité, diront certains, mais je ne suis pas d’accord. Il n’y a rien de triste à demander un frais pleinement justifié par nos compétences!

  6. Bien d’accord avec Philip Morgan. Dans un contexte où beaucoup de pharmacies vivent une expansion de leur volume de tâches à effectuer en même temps qu’une compression du chiffre d’affaire, il apparaît impensable d’appliquer la Loi 41 sans une solution viable à long terme sur le point de vue financier, car bien qu’il s’agisse d’un immense service que nous pourrons offrir à la population, aucun pharmacien propriétaire n’aura envie de « manger ses bas » avec ça. Et c’est tout aussi compréhensible que l’idée vertueuse d’appliquer la Loi 41.

  7. Pour ceux et celles qui n’auraient pas encore eu le temps de planifier la formation à la loi 41, est ce qu’on peut se questionner sur la nécessité encore de s’y conformer?

    1. La formation réglementaire sur la Loi 41 est disponible en autoapprentissage. Vous pouvez la suivre au moment où vous le désirez. Vous n’êtes donc pas dans l’obligation de la suivre présentement, mais une fois la loi entrée en vigueur, elle sera nécessaire pour exercer les nouvelles activités.

  8. La facturation n’est pas le problème de l’OPQ, j’en conviens. Mais la charge de travail du pharmacien devrait être une préoccupation. Le travail du pharmacien évolue, on ne peut que s’en réjouir. En tant que pharmacien salarié, dans mon quart de travail de 9H, je dois vérifier les nouvelles prescriptions (dose, voie, interactions) vérifier l’indication (communiquer avec le MD au besoin), donner les conseils en lien avec la nouvelle prescription, les MNP, convenir d’un suivi (et le faire), vérifier le contenant contenu. Pour tous les renouvellements, je dois analyser le dossier (y compris pour les dispills pour ceux qui auraient oublié). Répondre aux questions téléphoniques et sur place, questions MVL etc. Sans oublié la COU. Et bien sûr tout ce que je fais, je le note dans le dossier.

    Celui qui sers 540 prescriptions dans sa journée, a en moyenne 1 minute par prescription, il n’a pas mangé, il n’est pas allé aux toilettes.

    Une autre façon de voir le problème : faites-vous déjà tout ce que vous êtes supposé faire et avez vous beaucoup de temps mort dans votre journée ?

    Maintenant on ajoute : vérifier les valeurs de laboratoire qui sont maintenant disponibles grâce au DSQ (j’y ai accès donc ne pas vérifier mon potassium quand je sers un IECA en renouvellement serait une faute professionnelle). Avec la loi 41 au lieu d’envoyer un fax, je fais une prescription, en mon nom (après évaluation) et je fais un fax, je fais des prescriptions pour les conditions mineurs etc. La question est : QUAND ? Les pharmaciens propriétaires vont devoir embaucher, mais embaucher qui, connaissez-vous beaucoup de pharmaciens sans emploi qui pourront assurer ces heures ? Actes rémunérés ou non je suis inquiet de l’impact sur la journée de travail du pharmacien.
    En ce qui concerne le fait de facturer aux patients je poserais juste une question : qui facture les dispills code G au tarif suggéré par l’AQPP? Voilà sur quoi compte le gouvernement